François Agoguet

La spécificité des processus psychiques fondateurs de la relation d'aide, conséquences sur la posture du praticien

Sous la direction de Françoise Bréant
  • Résumé de la thèse
Je propose de regarder en quoi il y aurait un (ou plusieurs) processus spécifique de l’aide qui serait à l’œuvre dans toute relation d’aide et qui serait donc commun à tous les praticiens de la relation d’aide, quelles que soient leurs approches ou catégories professionnelles.
Objectifs : Le (ou les) processus spécifique de la relation d’aide : s’il existe, comment ce processus fonctionne-t-il au sein d’une relation d’aide ? En quoi ce processus réclame un positionnement particulier à ceux qui y participent ? Le positionnement sera surtout étudié pour la partie qui concerne le praticien de l’aide.
Problématique : La relation d’aide, les processus psychiques qu’elle peut mobiliser et la posture du praticien. Se positionner dans une relation d’aide est une véritable difficulté que j’ai souvent éprouvée. De nombreux partenaires dans les relations d’aide m’ont exprimé qu’ils rencontraient cette même difficulté. Cependant, nous n’avions pas de formation commune ou pas de formation du tout à ce propos. Apparaît ici un manque qui peut entraîner des souffrances ou un interdit de savoir pour certains praticiens (Lévine, 2001, p43). Ma pratique professionnelle m’a également appris qu’une relation d’aide expose ses participants à une (re) mise en question possible. « Il y a, pour tout métier de l’humain, un travail incessant de lucidité à mener. Rien ne nous protège de dérapage, pour soi et pour l’autre.» (Cifali, M. 1996/2001, p.2) J’ai pu constater que c’est au sein de la posture adoptée lors d’une relation d’aide que se manifestent les dérapages possibles dont parle Mireille Cifali. Il me semble donc important d’approfondir ce questionnement concernant la posture du praticien dans « les métiers de l’humain » (Cifali, 1996/2001). A propos du travail des cliniciens, F. Bréant évoque la difficulté pourtant nécessaire de s’approcher de « zones d’étrangeté en nous qui nous déroutent, parce qu’elles nous obscurcissent parfois autant qu’elles nous éclairent » lorsqu’il est question de comprendre les processus à l’œuvre en éducation et en formation (Bréant, 2011, p.81).
Le praticien doit donc pouvoir accueillir quelque chose qui peut le déranger en considérant qu’il s’agit d’un matériau utile à une meilleure compréhension de son rôle dans la relation d’aide, un matériau qui peut l’aider à ajuster ou adapter son attitude. C’est à partir de cette interaction entre la posture du praticien et la relation d’aide dans laquelle il s’est engagé que j’aimerais construire ma recherche.
Le but de mon travail en tant que praticien d’aide n’est pas de produire une connaissance sur la difficulté de l’autre mais de tenter d’offrir une possibilité d’aide pour transformer voire lever la difficulté (je parle ici de difficultés qui sont associées à la conduite ou au comportement de l’individu). J’ai donc appris à travailler avec le questionnement en essayant de ne pas répondre à la place de l’autre.
Ma démarche est l’approche clinique d’orientation psychanalytique.
« Ce qui spécifie… cette forme de connaissance que représente l’approche clinique, … au-delà du recours aux processus inconscients, c’est sûrement le fait que le chercheur ne peut s’abstraire de la relation aux objets qu’il étudie ; cette relation fait elle-même partie de la recherche. » (Blanchard Laville, 1999, p.19).
L’aide ici envisagée ne s’adresse pas uniquement à des personnes malades ou handicapées et n’est donc pas restreinte au seul domaine de la médecine. Elle peut donc être utilisée dans les domaines de l’aide pédagogique, éducative, psychologique ou médicale étant donné que toutes ces aides supposent la mise en place d’une relation. L’approche est holistique ou globale. Elle tient compte de l’inconscient. Elle utilise l’intuition dite clinique. Elle est un mode de connaissance adaptable à des pratiques différentes. La personne aidante ou aidée y est considérée comme une singularité.
Pour ce travail, je compte m’appuyer sur certaines conclusions de mon master de recherche, sur des références théoriques, des narrations d’expériences tirées de ma pratique, un dispositif d’analyse des pratiques et des entretiens cliniques.

Communication intitulée « Penser l’art de s’exposer en étant moins vulnérable » au congrès CLIOPSY 2017 : Éducation, formation et psychanalyse : une insistante actualité
 

Mis à jour le 10 janvier 2019